Fleur et mûres pas mures de ronce commune
Comme l’attestent les dépôts de graines
découverts dans différents sites préhistoriques,
dès les temps néolithiques l'Homme se nourrissait déjà
de mûres sauvages. La ronce est originaire d'Eurasie.
Très commune et envahissante, elle s'est naturalisée un peu partout
en colonisant essentiellement les campagnes, les bordures des chemins...
Les Celtes la considéraient comme une plante sacrée, pourvue de vertus
thérapeutiques favorisant la guérison et permettant de rester en bonne santé.
Mais plus encore, les Celtes attribuaient à ces ronces des pouvoirs magiques,
tout-à-fait convaincus que la mûre attirait la richesse et la protection.
Présente depuis l’Antiquité, dans la Grèce Antique,
sykamion (nom de la mûre en grec) était déjà utilisée à des fins thérapeutiques.
Les Grecs utilisaient son jus pour lutter contre la goutte et le mal de gorge.
La mythologie grecque raconte que la ronce aux aiguillons acérés
serait issue du sang versé par les Titans lors de leurs combats
contre les dieux de l'Olympe...
Au IV ème siècle avant JC, Théophraste connaissait déjà
les nombreuses propriétés médicinales de la ronce
et ses utilisations thérapeutiques.
En Europe, dès le 1er siècle, Pline l’Ancien, Galien et Dioscoride, utilisaient
le fruit, les feuilles ou encore les racines, pour soigner de nombreux maux
tels que les ulcères, la toux, les plaies, les fièvres.
Plus tard, au 12ème siècle, Hildegarde de Bingen
compléta la liste des traitements possibles.
Au Moyen-âge, outre ses propriétés médicinales,
la mûre entrait dans la composition d’un vin très apprécié,
notamment par les moines, le moretum.
En se développant dans les régions tempérées d’Europe,
la ronce a continué de se répandre dans l’hémisphère nord,
mais on la retrouve également en Amérique et en Australie.
Les Amérindiens quant à eux, ils ont toujours consommé les fruits qu'ils
cueillaient verts et qu'ils pouvaient aussi faire sécher. Les jeunes pousses
étaient consommées crues ou cuites. Par ailleurs, les tiges et les fruits
servaient de base pour la fabrication d'une boisson fermentée.
En France, les tiges fendues en long servaient à faire des paillassons
et des cercles de tonneaux. Le bois des arceaux était utilisé en vannerie,
il était également employé pour le chauffage des fours.
Dans certaines régions, les floriculteurs
utilisaient les tiges sèches des ronces, broyées, décomposées,
pour en faire de "la terre de roncier" très recherchée pour les cultures.
En fait les mûres que nous connaissons sont les fruits de la ronce commune
nommée à tort "mûrier". Il existe en effet un mûrier mais il s'agit d'un arbre
appelé "mûrier platane" qui peut atteindre une très grande hauteur ! Cet arbre
produit aussi des fruits semblables aux mûres que nous aimons, mais ses fruits
sont de forme ovoïde, allongée, alors que la mûre de la ronce commune est ronde.
Donc revenons à la ronce commune, son nom scientifique est Rubus fruticosus.
Le Rubus fruticosus épineux est un arbrisseau de la famille des rosacées.
Ce sous-arbrisseau vivace par ses tiges souterraines,
produit chaque année de nouvelles tiges aériennes et
sarmenteuses (tige longue, flexible et grimpante comme le sarment)
Les ronces communes sont considérées comme des mauvaises herbes.
Les racines
La souche ligneuse produit de longs rejets d'une longueur moyenne de 3 m,
appelés turions ou sarments, à section anguleuse. Ces rejets sont bisannuels
et ils sont munis d'aiguillons droits ou crochus plus ou moins nombreux.
A la fin de la première année, les turions se recourbent et en
touchant la terre, leurs extrémités s'enracinent. Pour simplifier le turion
est un type de bourgeon se développant sur la partie souterraine de la plante.
Turion sur un drageon de Rubus
Les tiges
Les tiges sont rampantes, ligneuses et munies d'aiguillons,
elles peuvent atteindre six mètres de long. En s'enchevêtrant, les branches
des ronces forment des fourrés, des espèces de taillis très denses, et donc ces
ronciers difficilement pénétrables colonisent rapidement le terrain...
Les feuilles
Les feuilles sont persistantes, alternes...elles sont aussi composées et palmées,
elles possèdent 3 à 5 folioles arrondies à bord denticulé. Au caractère trifolié,
selon la position des feuilles, les latérales sont plus ou moins pétiolulées.
Le pétiole et les nervures portent des aiguillons. La feuille est caduc.
Les fleurs
Les fleurs blanches ou rosées. sont regroupées en corymbes.
Elles ont cinq sépales, cinq pétales, de nombreuses étamines
et plusieurs carpelles. La ronce est mellifère. L'abeille adore ces fleurs !
Les fruits
Une seule fleur produit plusieurs fruits.
Les fruits composés sont au début verts puis rouges
et ils deviennent noirs bleuâtres à maturité.
Leur maturité s'étale du mois d'août jusque vers le mois d'octobre.
Ces fruits multiples sont constitués de petites drupes agglomérées
qui se développent sur le réceptacle à partir d'un ovaire à carpelles libres.
Quand on les cueille, les drupes restent adhérentes au réceptacle floral
ce qui les distingue du framboisier...
Les mûres sauvages sont de plus en plus difficile à trouver !
Les ronces munies d'aiguillons permettent aux plantules
de pousser sans être mangées par les herbivores.
Les mûres sont très appréciées par les animaux sauvages.
Bon nombre d'oiseaux se nourrissent des fruits, se chargeant
ainsi de la dissémination des graines. De plus, la végétation
particulièrement exubérante des ronces permet aux graines
de germer à l'abri du mauvais temps ou de la sécheresse.
En France et suivant les régions, on cueille les petites baies de mi-août à octobre, les fleurs en début d’été, tandis que les feuilles seront récoltées au printemps.